
En reprenant les philosophes stoïciens, Montaigne écrivait « Apprendre à mourir c’est apprendre à vivre ». Il faudrait donc avoir conscience de la condition même de l’homme, c’est-à-dire son caractère éphémère, pour commencer à appréhender la vie dans le bon sens. C’est sous ce prédicat de la résignation à la mort que l’exposition du collectionneur américain Richard Harris s’ouvre.

L’idée de réunir des oeuvres de tous les pays ayant pour seul et unique motif la fin de notre vie ne pouvait provenir que d’un collectionneur un peu fou, un esprit capable de surmonter ses angoisses en les cristallisant autour d’une monomanie. Ainsi, l’exposition qui se donne à Londres laisse la mort venir au côté du spectateur pour y danser ou s’afficher dans ses habits de décoration macabre. C’est la variété dans la provenance géographique et culturelle qui constitue l’atout majeur de cette exposition : on y distingue ce désir propre à chaque civilisation d’habiter avec la mort avec la folle espérance de la dépasser. Parce que la mort et l’angoisse de l’inconnu sont insupportables, toutes les civilisations ont essayé d’exorciser le caractère anxiogène de la disparition.
Découvrir cette exposition c’est plonger dans l’agonie de l’existence pour qu’un horizon d’immortalité apparaisse, une sorte de métaphysique de la résurrection où la mort devient un élément de vie, la compagne que l’on sort des cimetières ou que l’on magnifie dans une sublimation qui peut parfois tendre vers l’absurde. Alors la mort sous toutes ses facettes existentielles, funéraires et ridicules, voilà une exposition qui pourrait bien concentrer toutes nos interrogations philosophiques et cela depuis nos origines.

- L’exposition fait actuellement le tour du monde et pourrait bien venir à Paris après Londres
- Chicago Sun-Times : Richard Harris « Curiosity is a morbid affair »
- Blog de Richard Harris
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