
En traversant en plein hiver la forêt,
On se surprend à s’éprendre des arbres dépouillés,
Ces arbres à la musculature jaillissante,
Qui fixant le ciel témoignent d’une force persistante.
En traversant en plein hiver la forêt,
On se surprend à aimer,
Entre la terre et le ciel, le dénuement,
Dans ce sensible écoulement,
De la lumière enchevêtrée
Entre ces branches emmêlées.
On se surprend à lire le vécu
De ces calligraphies suspendues
Aux ombres en ramescence,
Aux ombres immenses
Pointées vers les cieux,
Sous la forme d’arcs tortueux.
En traversant en plein hiver la forêt,
On se surprend à écouter,
À sentir à fleur d’écorce,
Jaillir cette force,
Ces âmes dans l’écoulement
Parmi les minéraux, ces tintements
Devenir et être,
Saillir et transparaître,
Un demi-ton sous nos pieds,
À demi entaillés.
On se surprend à penser que l’arbre pense,
Crée, dessine, encense
De toutes ces ombres étendues
Ces vies répandues,
Enracinées,
Irradiées,
Liées aux branches,
Comme les lettres aux mots,
Liées aux branches,
Comme l’arbre à ses rameaux.

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