
Figurer un homme derrière des barreaux, c’est implicitement l’enfermer, le priver de toute liberté de mouvement. L’homme inscrit dans cette perspective, se fige derrière un rideau de fer et renvoie à toute une conception de l’enfermement où le corps endure la faute, où le corps subit la pénitence, se dégrade, s’avilit dans sa cage de fer.
Figurer un chat derrière des barreaux, c’est constituer la liberté de mouvement dans l’entrelacement des interstices, laisser à l’animal le soin de s’y glisser, montrer à l’homme que son équilibre ne dépend pas de lui, mais bien d’une nature à laquelle nous ne saurions imposer une privation de liberté.
Figurer des barreaux devant un chat, c’est l’enivrer d’espaces contraints, provoquer son désir d’équilibriste, lui céder des intervalles délimitant des aires inaccessibles au corps de l’homme.
Figurer des barreaux, c’est contraindre le regard dans une réalité écrouée, une réalité où le chat ne saurait se fier à l’oeil humain.
Figurer des barreaux, c’est penser le corps comme un moyen d’endurer, de souffrir, de racheter les fautes par sa dégradation. Figurer les interstices, c’est défaire ce que l’homme soustrait à ses semblables, c’est figurer son aspiration première à la liberté.
- Remerciements : je remercie tout particulièrement la chatte de mes voisins d’accepter de se prêter au jeu de la pose photographique avec tant d’aisance.
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